La belle année 1994 a marqué les esprits. Les rayons du soleil illuminaient les visages des supporters rassemblés au Soldier Field de Chicago pour le match d’ouverture de la Coupe du Monde américaine. Les gens se déhanchaient au rythme de Je danse le mia et étaient prêts à revivre l’excitation après avoir vu Pulp Fiction. Bien que 1993 ait également eu son lot de moments mémorables, avec des comédies comme Les Visiteurs et L’Île aux enfants, la France a également connu des larmes avec La Liste de Schindler et Seras-tu là ?. Didier Deschamps et l’équipe de France ont, quant à eux, raté leur envol vers les États-Unis, the place to be, à cause d’un match tristement célèbre contre la Bulgarie au Parc des Princes. Ce même stade, qui a vu les Bleus revenir, les entraîne sous la houlette de l’ancien milieu de terrain pour les qualifications à la Coupe du Monde, qui se déroulera, entre autres, aux États-Unis !
Les défis à surmonter
Les théories du complot sont faciles à imaginer, mais le chemin que les joueurs français doivent emprunter pour atteindre l’Amérique du Nord pourrait être semé d’embûches. Ce vendredi, leur parcours débute en Ukraine, un adversaire familier qui a failli coûter à Didier Deschamps son poste de sélectionneur à l’automne 2013, deux décennies après son traumatisme face aux Bulgares. Pas besoin de revenir sur les détails, car le Bayonnais a été sauvé par des joueurs comme Mamadou Sakho, Karim Benzema et Jamel Debbouze, prouvant ainsi qu’il méritait sa place en décrochant sa deuxième étoile en Russie. Deschamps a rarement l’occasion de marquer l’histoire et il ne souhaite pas trébucher lors de sa dernière compétition à la tête de l’équipe. Cette fois-ci, il vise à valider son billet le plus rapidement possible et à emmener ses 26 joueurs avec lui.
La France n’est pas la seule nation désireuse de participer à cette compétition, et c’est une bonne nouvelle, car cette édition sera la première à accueillir 48 pays. Ce changement réduit les surprises et semble garantir que les grandes équipes ne seront pas éliminées trop tôt, mais les Bleus ne doivent pas se reposer sur leurs lauriers. Pour éviter de devenir le dindon de la farce (il y en aura forcément un), les coéquipiers de Kylian Mbappé ont bien compris leur mission : obtenir le minimum requis contre l’Ukraine, l’Islande et l’Azerbaïdjan au cours des trois prochains mois. À première vue, cela semble réalisable, mais les récents revers en Croatie (2-0), contre Israël (0-0) et face à l’Italie (1-3), ainsi que l’échec à l’Euro 2024, laissent entrevoir un potentiel faux pas. « Cette équipe d’Ukraine est très intéressante et peut être dangereuse sur le plan collectif et créatif, donc il faut rester vigilant », a souligné le sélectionneur, conscient que la motivation peut faire des merveilles.
Des joueurs en difficulté
La saison précédente, les Bleus avaient raté leur entrée avec un match contre l’Italie. Les derniers mois de 2024 avaient été tumultueux, marqués par des performances en demi-teinte, une enquête pour viol contre Kylian Mbappé qui a été ouverte puis close par la justice suédoise, la retraite surprise d’Antoine Griezmann et un ras-le-bol général. Est-ce de l’histoire ancienne ? Didier Deschamps a tout mis en œuvre pour tourner la page, évoquant l’oxygénation chaque fois qu’il le pouvait, tentant d’ajuster sa méthode et de prendre en compte le calendrier chargé des joueurs. Alors qu’il se concentre uniquement sur la sélection, son groupe est tiraillé par d’autres enjeux : la dernière phase finale de la Ligue des nations a eu lieu entre la finale de la Ligue des champions et le Mondial des clubs, tandis que ces trois rassemblements pour les éliminatoires ne sont que des pauses dans un début de saison déjà crucial pour les plus grands clubs d’Europe.
Je n’ai pas le temps de faire tout ce que je voudrais faire, que ce soit sur le terrain ou en dehors.
« En raison du temps limité dont je dispose, je me concentre sur l’essentiel, je n’ai pas le temps de réaliser tout ce que j’aimerais, que ce soit sur le terrain ou en dehors. Tout est condensé », a déploré le sélectionneur dans une interview avec L’Équipe, avant de réitérer en conférence de presse que « la condition physique n’est pas optimale pour tous les joueurs », quelques jours après un mercato agité pour certains. De son côté, le capitaine Mbappé a rassuré sur sa forme, tout en alertant sur le rythme effréné : « Je ne me souviens pas avoir vu un joueur jouer 60 matchs à son meilleur niveau. Pour moi, c’est impossible. […] Il faut juste qu’on ait un peu plus de repos. C’est un débat sans fin. » Avec ces explications, les observateurs seront peut-être plus indulgents quant au niveau de jeu et à la fraîcheur des Bleus. Ils ont déjà abandonné l’idée d’un pressing tout terrain et de relances parfaitement orchestrées depuis longtemps. Depuis le 17 novembre 1993, ils ont compris que l’essentiel est de se qualifier et de réfléchir ensuite.
Jules Koundé s’attend à une ambiance électrique face à l’Ukraine
