mercredi,octobre 9,2024

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Baptiste Reynet (ancien joueur de Dijon et Toulouse) : « La dépression ne m’a jamais intimidé »

Ce week-end, tu as surpris tout le monde en te révélant comme un excellent attaquant lors du premier tour de la Coupe de France avec l’US Mours (D1), en inscrivant un but. Est-ce que tu avais toujours envisagé une telle reconversion après ta retraite ?

Un bon attaquant, je ne sais pas si je peux vraiment le dire. (Rires.) La dernière fois que j’ai trouvé le chemin des filets, c’était avec l’équipe réserve de Mours, lorsque je jouais en U18 et que j’avais proposé de dépanner en attaque, mais c’était en D4 ou D5… Je suis resté en contact avec le club et j’y retournais souvent le week-end pour assister aux matchs. J’avais toujours plaisanté en disant qu’après ma carrière, je viendrais jouer à Mours en tant qu’attaquant pour me venger de mes expériences passées. Au fil du temps, cette idée a pris de l’ampleur. Je voulais continuer à prendre du plaisir dans le football, mais d’une manière différente de celle que j’avais connue dans le milieu professionnel.

Tu as souvent été reconnu pour ton parcours atypique en Ligue 1, notamment parce que tu n’as pas été formé dans un centre de formation. Est-ce donc naturel de revenir à tes racines ?

C’est vrai que si quelqu’un devait faire ce chemin vers le football amateur, c’était probablement moi. Je pense qu’il est normal que je vienne apporter mon expérience de joueur professionnel et que je joue avec des amis.

Je ne suis pas du genre à continuer juste pour toucher un salaire à la fin du mois sans m’investir pleinement. Aujourd’hui, je peux mener une vie plus équilibrée, et cela me fait du bien.

À 33 ans, c’est relativement jeune pour un gardien de but de prendre sa retraite. Qu’est-ce qui t’a poussé à cette décision ?

Physiquement, je me sentais encore en forme, avec peu de blessures. C’est plutôt sur le plan mental que j’ai ressenti un blocage. Je ne prenais plus autant de plaisir qu’avant, et je m’étais toujours promis que je mettrais un terme à ma carrière le jour où cela arriverait. Je ne suis pas du genre à rester juste pour le salaire, sans m’investir à 100%. Maintenant, je peux vivre de manière plus sereine, et cela me fait du bien.

Qu’entends-tu par là ?

Il y a beaucoup moins de pression. En tant que joueur professionnel, il faut constamment surveiller son alimentation, son sommeil, et ses activités. Maintenant, j’apprécie de ne plus avoir à me lever pour aller à l’entraînement ou à partir en stage. C’est peut-être anodin, mais tous mes week-ends étaient planifiés, alors que maintenant, je peux profiter de ma compagne. Pour l’instant, je ne ressens pas de regrets. Ce qui pourrait me manquer à court terme, c’est l’adrénaline d’avant-match, l’entrée dans les plus grands stades de France. Mais le monde professionnel ne se résume pas à cela, et je ne me sentais plus mentalement prêt à fournir ces efforts.

En regardant en arrière, que retiens-tu de ta décennie au plus haut niveau du football français ?

Il y a eu des moments fantastiques et d’autres beaucoup plus difficiles. J’ai eu un début de carrière prometteur jusqu’à mes 29-30 ans, avec des émotions incroyables, mais les descentes (avec Toulouse en 2019-2020, Nîmes en 2020-2021 de la Ligue 1 à la Ligue 2, et Dijon en 2022-2023 de la Ligue 2 au National, NDLR) m’ont laissé des séquelles. La plus douloureuse a été celle avec Dijon, qui m’a profondément affecté. Je ne peux pas vraiment expliquer un tel retournement, c’est simplement la nature d’une carrière faite de hauts et de bas. Malheureusement, à la fin, j’étais du mauvais côté.

Avant cela, tu étais le symbole des belles années dijonnaises au milieu des années 2010, avec le retour en Ligue 1 et une 11e place.

C’est sans aucun doute le meilleur moment de ma carrière, et je ne garde que des souvenirs positifs. Nous formions un groupe d’amis qui ne se prenait pas la tête, avec un encadrement exceptionnel, et tout fonctionnait à merveille. Terminer 11e avec Dijon, c’est tout de même incroyable.

Comment expliques-tu ta nomination parmi les quatre meilleurs gardiens de la saison de Ligue 1 2016-2017, alors que le DFCO a terminé 16e avec un maintien obtenu à la dernière journée ?

J’ai été très surpris, car je me retrouvais aux côtés de Danijel Subašić, Anthony Lopes et Kevin Trapp, trois internationaux évoluant dans les meilleurs clubs français. Ce n’est pas courant d’être nommé en jouant pour le maintien, et c’est une grande fierté. Personnellement, cela reste la meilleure saison de ma carrière, et j’ai dû être suffisamment bon pour attirer l’attention des autres joueurs et me retrouver à cette cérémonie.

Est-ce révélateur de l’ensemble de ta carrière : un gardien souvent sollicité, capable de briller, mais qui finit par céder à un moment donné ?

Parcours d’un Gardien : Entre Défis et Résilience

À l’exception de ma saison en Ligue 2 avec Dijon, où j’ai lutté pour la montée, j’ai principalement évolué dans des clubs dont l’objectif était de se maintenir. Cette situation est éprouvante, car les défenses sont souvent moins robustes, et nous affrontons des équipes qui, sur le papier, semblent supérieures. Cela implique de réaliser de nombreux arrêts. Cependant, être gardien dans un club prestigieux présente également ses propres défis, où un seul arrêt peut être décisif. Ce qui me frustre, c’est de ne pas avoir réussi à faire mieux avec Toulouse, un club qui aurait dû viser des sommets, comme le prouve leur récente victoire en Coupe de France et leurs performances en Ligue 1.

Le Style de Jeu Offensif d’Olivier Dall’Oglio à Dijon

J’ai toujours été séduit par le style de jeu très offensif d’Olivier Dall’Oglio, même lors des matchs où nous remportions des victoires serrées comme 4-3, malgré un nombre élevé de buts encaissés. Lors de notre saison où nous avons terminé 11e, nous avons concédé 73 buts, ce qui nous plaçait parmi les pires défenses de Ligue 1, mais nous avons également marqué plus de 50 buts, avec 55 réalisations, ce qui témoigne de notre volonté de jouer un football attractif. J’appréciais particulièrement la philosophie d’Olivier, qui m’encourageait à prendre des risques lors des relances et à jouer haut sur le terrain, en prenant la responsabilité de mes actions. Cela allégeait la pression sur mes épaules, tout en soulignant l’importance d’un bloc équipe compact. Un exemple marquant est notre but contre Montpellier, où j’ai intercepté une passe en profondeur, poursuivi l’action, et Flo Balmont a ensuite servi Wesley Saïd pour le but. C’était le reflet de notre ambition de produire un jeu de qualité.

Le football évolue rapidement, et je suis passé de la CFA à titulaire en Ligue 1 en un temps record, pour ensuite être nommé parmi les meilleurs gardiens du championnat avant de redescendre au National en quelques années.

La Pression du Rôle de Gardien

La phrase « Si tu sors et qu’on encaisse, c’est de ma faute » est souvent entendue des entraîneurs, mais est-ce que cela résonne de la même manière pour un gardien ? En effet, c’est souvent le gardien qui est pointé du doigt en premier, et non le coach. J’ai entendu cela de la part d’Olivier Dall’Oglio et d’Alain Casanova à Toulouse, car il est essentiel de comprendre leur vision du jeu. Si je n’avais pas eu cette capacité à jouer haut et à relancer proprement, je n’aurais probablement pas été recruté par ces deux entraîneurs. À Dijon, Laurent Weber, l’entraîneur des gardiens, avait une approche encore plus exigeante, me poussant à avancer d’un ou deux mètres supplémentaires. Je pense que cette stratégie est la clé pour obtenir des résultats, et je me souviens davantage des succès que des erreurs.

Les Difficultés des Relégations

Malheureusement, la suite de ma carrière a été marquée par trois relégations. C’était un moment difficile, et je n’étais pas vraiment préparé à affronter cela. Le football peut changer rapidement, et je suis passé de la CFA à la Ligue 1, puis d’une nomination parmi les meilleurs gardiens à la descente en National en quelques années. La relégation avec Toulouse a eu lieu durant la saison du Covid, lorsque le championnat a été suspendu, mais nous étions déjà dans une situation délicate. J’ai rejoint Nîmes, pensant que l’engouement du public pourrait nous aider, mais nous avons finalement joué dans un stade vide toute la saison et avons chuté. À Dijon, j’ai vécu l’un des moments les plus difficiles de ma carrière, et j’ai mis du temps à m’en remettre, au point de ressentir des symptômes dépressifs.

Les Signes de la Dépression

Cette période se manifestait par un manque d’envie. Je me levais sans motivation, passant mes journées sur le canapé à attendre, sans savoir si je voulais continuer ou arrêter ma carrière. Ma compagne a dû faire face à cette situation, et je lui en suis reconnaissant, car je n’étais pas facile à vivre. Un jour, je me sentais bien, et le lendemain, c’était l’inverse. Des agents me contactaient pour me proposer des projets, ce qui m’intéressait, mais deux jours plus tard, l’angoisse revenait, et je stressais pour tout.

Le Soutien des Proches

J’ai été soutenu uniquement par mes proches, mais avec le recul, je réalise que j’aurais dû consulter un spécialiste. Je n’ai jamais eu de complexe à parler de ma dépression, et avant cela, j’avais consulté une kinésiologue à Dijon pour travailler sur mes doutes et mes moments de faiblesse. Je pense qu’une aide professionnelle aurait été bénéfique.

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Il est vrai que je n’avais pas vraiment envie de partager mes sentiments. Néanmoins, j’ai pris le temps d’en discuter avec quelques coéquipiers, même si cela peut sembler difficile dans un vestiaire où l’on craint d’être perçu comme vulnérable. J’ai échangé avec Lucas Deaux, qui a également connu une période de chômage, ainsi qu’avec Fred Sammaritano et des amis de Mours. Je ne me suis jamais senti isolé dans cette épreuve.

À Dijon, nous sortions souvent en boîte avec mes amis, et il arrivait même que le staff se joigne à nous. Cela ne posait aucun problème tant que nous étions en Ligue 1. Lorsque nous étions au sommet, les supporters nous trouvaient accessibles, mais dès que nous avons connu des difficultés, les critiques ont fusé.

Un nouveau départ à Ibiza : un choix réfléchi ?

J’avais informé le président Olivier Delcourt de ma décision de mettre fin à mon contrat avec Dijon, car ma santé mentale était en jeu. Je lui avais également promis de ne pas rejoindre un autre club français. Après avoir vécu tant d’expériences en France, je ne souhaitais plus être perçu comme le gardien qui descend constamment. J’avais une offre en première division suisse, mais dans un club luttant pour le maintien. J’ai donc préféré opter pour une montée de la D3 à la D2 espagnole, tout en déménageant dans un cadre de vie exceptionnel. Ce choix n’était pas motivé par des raisons financières, contrairement à ce que j’ai pu lire.

Ibiza : un lieu de fête ou de concentration ?

Pour être franc, je n’ai même pas fait la fête là-bas ! (Rires.) Mon objectif était de me concentrer sur le football et d’éviter les blessures. Après tout ce que j’ai traversé, cela m’a fait du bien. Maintenant que nous connaissons l’île, nous pourrons y retourner pour profiter de la vie nocturne. L’image que certains ont de moi, celle d’un fêtard, est exagérée. Je suis un bon vivant, avec un esprit de rugbyman. En lisant certains commentaires, j’avais l’impression que l’on pensait que j’avais des problèmes d’alcool ou que je sortais tous les jours, ce qui est faux. Cela dérange davantage lorsque les performances ne sont pas au rendez-vous. À Dijon, nous sortions en boîte avec mes amis, et parfois même le staff était présent. Cela ne posait pas de problème tant que nous étions en Ligue 1. Quand nous étions en haut, les supporters nous trouvaient accessibles, mais lorsque nous avons connu des difficultés, les critiques ont été sévères. C’est compréhensible, mais nous travaillions toujours avec la même détermination.

Analyse et pronostic pour le match Nice contre Toulouse en Ligue 1

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