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« Sur le terrain, tu n’es jamais à l’abri d’un tir de 40 mètres d’un joueur peu talentueux », rappait Akhenaton en 2007 dans son titre Rooney, où il mettait en avant son expérience sur PES 6. Aujourd’hui, il suffit d’une recherche sur YouTube pour découvrir une multitude de vidéos consacrées à ce jeu devenu emblématique. Près de deux décennies après sa sortie, son attrait semble demeurer aussi fort qu’à ses débuts. Nous sommes en 2006, une année où Franck Dubosc amuse cinq millions de spectateurs avec son personnage de Patrick Chirac dans Camping, tandis que sept millions de cinéphiles découvrent Harry Potter et la Coupe de Feu sur grand écran. À cette époque, le jeu qui domine les ventes en France provient du Japon. Le sixième volet de Pro Evolution Soccer, développé par Konami, s’impose avec 1,6 million d’exemplaires écoulés, après le succès de PES 5 l’année précédente. À la FNAC et chez Micromania, les passionnés de jeux vidéo font la queue pour acquérir la version ornée des visages de Didier Drogba et Thierry Henry, avant de se plonger dans ce qui est encore considéré comme l’un des meilleurs jeux de football.
North London : La magie de Ronaldinho et Johan Elmander
Qu’est-ce qui explique ce phénomène en France et au-delà ? Pour le pays de Zinédine Zidane, une excellente nouvelle accompagne la sortie du jeu : la Ligue 1, alors appelée Ligue 1 Orange, obtient enfin sa licence. Cela permet aux jeunes joueurs français de s’immerger dans le jeu avec les véritables noms d’équipes, logos et joueurs. Un vrai bonheur pour les supporters de Rennes, Saint-Étienne ou Sochaux, qui peuvent dire adieu aux appellations comme « Bretagne », « Somesterrine » ou « Franche Comté ». Ce réalisme est accentué par l’ajout de publicités sur les bords du terrain, rendant l’expérience encore plus immersive.
En revanche, certains des championnats les plus prestigieux, comme la Premier League, sont toujours absents. Il est frustrant de devoir jouer un North London-Merseyside Red au lieu d’un Arsenal-Liverpool, même si le menu « modifier » a permis à de nombreux joueurs de corriger ces petites incohérences. Cela peut ternir le plaisir du jeu à une époque où l’authenticité du football est primordiale. « Le gameplay était si bon qu’on oubliait le manque de licences », se remémore Mahmoud « Brak2K » Gassama, avec une pointe de nostalgie. Pour ce streamer et ancien joueur semi-professionnel de PES, le jeu avait le pouvoir d’absorber le temps : « Quand tu avais un PES entre les mains, tu pouvais y passer des heures, car tu ressentais de vraies émotions. » Pas de dribbles irréalistes ou d’actions impossibles, tout ce que l’on pouvait réaliser avec une manette était à la portée d’un joueur professionnel. « À l’époque, réussir une virgule avec Ronaldinho était rare, vraiment difficile à exécuter, » se souvient Brak. « C’est là que le jeu reflétait la réalité : une virgule en match, ça fait la différence, car tu sais que le joueur l’a travaillée à l’entraînement. »
Pour réaliser un score de 6-0, il fallait se lever tôt et subtiliser la télé à un frère ou une sœur. De plus, à l’inverse des pratiques actuelles où des modes comme FUT incitent à débourser toujours plus pour progresser, il n’était pas question de dépenser de l’argent pour gagner des avantages sur PES 6. « Tu pouvais débloquer des éléments en jouant, sans avoir à sortir ta carte bancaire, comme le mode six étoiles, » se rappelle Brak. La seule personne à débourser de l’argent ? Le célèbre arbitre Kazuki Ito, qui brandit les cartons rouges plus rapidement que son ombre. Bruce Grannec, streamer et commentateur, connaît le jeu sur le bout des doigts : il a été champion du monde sur PES 5 et vice-champion sur PES 6, à une époque où les joueurs ne choisissaient pas toujours le Real Madrid pour gagner. « Comme nous étions tous supporters d’équipes françaises, il nous arrivait de sélectionner des clubs de Ligue 1 en phase de poules, » explique-t-il. « Personnellement, je prenais Nantes, mais Toulouse était également fort avec Johan Elmander ! En Angleterre, il y avait Chelsea avec Shevchenko, Robben et Drogba… Mais dès que les matchs devenaient sérieux, on optait pour l’Inter. »
Le mythe d’Adriano et l’évolution vers l’arcade
Car s’il y a bien une équipe « surpuissante »…
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Inter Milan : L’Incontournable Équipe de PES 6
Dans l’univers de PES 6, l’Inter Milan se distingue comme l’équipe emblématique. Bien que les nostalgiques se souviennent du légendaire PES United en Ligue des Masters, avec les célèbres Castolo et Minanda, l’Inter reste indissociable de cette version du jeu. La raison principale ? Shingo Takatsuka, le créateur de la licence Konami, a toujours eu une affection particulière pour ce club milanais. Son ambition était claire : reproduire fidèlement les actions qu’il observait sur le terrain. « Je souhaite recréer les buts que je vois à la télévision, et je m’engage à concevoir un jeu qui se rapproche le plus possible de la réalité, » confiait-il à IGN en 2006. Cependant, il est intéressant de noter que Takatsuka a pris certaines libertés avec la réalité, notamment en ce qui concerne son équipe favorite. En effet, les statistiques des Nerazzurri dans PES 6 sont largement amplifiées, que ce soit pour Álvaro Recoba, Obafemi Martins, ou encore pour deux des joueurs les plus redoutables de cette édition, Adriano et Zlatan Ibrahimović.
Adriano sur PES 6, c’était incroyable 😅😅😅 pic.twitter.com/fzc0y3GCfr
— Raph Chader (@RaphChader) 27 juin 2024
Adriano, qui aurait pu poursuivre sa carrière au Havre, a joué un rôle clé dans la légende de PES 6, captivant ou terrifiant toute une génération de joueurs. Avec lui, Zlatan se révélait être un véritable monstre, presque injouable, doté d’une frappe phénoménale, d’une puissance physique impressionnante et d’une vitesse de sprinteur (surtout avec la flèche rouge, bien entendu). « Le joueur le plus redoutable, c’était Ibra, car tu pouvais parcourir tout le terrain avec lui sans jamais perdre le ballon, » se remémore Bruce Grannec. « En tournoi, on ne voyait que des matchs Inter contre Inter. » Ce constat permet de remettre en question une idée reçue : PES 6 n’est pas nécessairement le meilleur simulateur de football de tous les temps, et la domination de l’Inter n’est pas le seul facteur à considérer.
Une Évolution Vers un Style Plus Arcade
En mettant l’accent sur l’attaque, PES 6 marque une rupture avec la défense rigoureuse de son prédécesseur, souvent considéré comme la meilleure simulation de football de tous les temps. « PES 5 était plus rigide, plus difficile à maîtriser. Devenir bon sur ce jeu était bien plus complexe que sur le suivant, » confirme Brak. PES 6 demeure un excellent jeu, mais en tant que joueurs compétitifs, notre perspective diffère de celle du grand public. Cette version représente en réalité un tournant vers un style de jeu plus arcade, privilégiant l’action au détriment d’un réalisme absolu. « En fin de compte, j’ai un avis partagé sur le 6, » reprend Grannec. « D’un côté, c’est le dernier vrai PES que nous avons eu, mais d’un autre côté, c’était aussi le moins bon de la grande période. » Cela donne l’impression que les jeux de football avaient atteint une sorte de perfection, jamais égalée depuis.
PES 6 : Le Dernier Souffle d’une Époque Dorée ?
Malgré ses manquements en matière de réalisme, PES 6 demeure gravé dans le cœur de nombreux joueurs comme le jeu de football le plus emblématique de l’histoire. Cela s’explique par une raison simple : il reflète une époque de football tout aussi extraordinaire. C’était l’ère de Thierry Henry, Steven Gerrard, Ronaldinho et Kaká, au sommet de leur art, ainsi que de Wayne Rooney, Fernando Torres, Lionel Messi et Cristiano Ronaldo, qui commençaient à briller sur la scène mondiale. En conséquence, PES 6 propose une multitude d’équipes qui pourraient aujourd’hui être considérées comme des légendes. Brak souligne : « Ce qui était fantastique, c’est qu’il y avait des équipes très compétitives dans tous les championnats : Liverpool et United en Angleterre, le Real et le Barça en Espagne, l’Inter et le Milan en Italie… Chacun pouvait s’identifier à ces équipes, avec des styles de jeu variés. »
Il était essentiel de profiter de cette période dorée, car après cette parenthèse enchantée, les temps ont changé.
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Le Retour des Classiques : Nostalgie et Évolution des Jeux de Football
La sortie de PES 2008 a marqué un tournant pour la franchise, coïncidant avec l’Euro où l’équipe de France a déçu. Ce titre a été largement critiqué, notamment par Bruce Grannec qui le qualifie de « désastreux ». Ce fut le début d’une période difficile pour Konami, qui n’a jamais réussi à retrouver la magie des années 2000, laissant ainsi le champ libre à la série FIFA, désormais renommée EA FC. Mais qu’en est-il aujourd’hui ? La nostalgie pourrait embellir ces souvenirs, car l’appréciation d’un jeu évolue avec l’âge. Une question persiste : peut-on encore ressentir du plaisir avec les jeux de football modernes ? Grannec exprime l’espoir qu’un petit studio puisse créer un jeu de simulation authentique, destiné aux passionnés de football qui aiment construire leur expérience. Bien que ce type de jeu attire un public plus restreint que FIFA, il pourrait néanmoins trouver son public.
Tellement fier de vous annoncer ma collab avec le @FCMetz et surtout de cette manière 👀 RDV demain 21h45 sur le parvis de la cathédrale de Metz pour en voir plus pic.twitter.com/SP6FQsGIM9
— Sebastien-Abdelhamid (@SAbdelhamid) 1er août 2024
La Nostalgie des Jeux Vidéo de Football en 2024
En 2024, un regain d’intérêt pour les jeux vidéo rétro se fait sentir. Les soirées entre amis autour des consoles deviennent des moments privilégiés pour redécouvrir des classiques, souvent plus captivants que les titres récents. Sur la chaîne YouTube de Bruce Grannec, les vidéos et les diffusions en direct consacrées aux anciens PES continuent d’attirer un large public. Même les clubs de football s’engagent dans cette tendance : Sébastien-Abdelhamid a récemment dévoilé le troisième maillot du FC Metz avec une présentation inspirée de PES 6. Brak souligne que « la nostalgie pour le football d’antan est en pleine expansion, que ce soit à travers les maillots, les anciens magazines ou les jeux vidéo, et PES 6 s’inscrit parfaitement dans cette dynamique. » À une époque où l’information footballistique est omniprésente, il est intéressant de constater que, dans le passé, il fallait faire des efforts pour se tenir informé, que ce soit par le biais de magazines ou de chaînes spécialisées.
Dans un contexte où le football est omniprésent, PES nous rappelle que, comme dans de nombreux domaines, la rareté peut accroître la valeur. La nostalgie joue un rôle clé dans notre appréciation des jeux vidéo, et il est possible que cette tendance continue de croître.
Ces réflexions proviennent des échanges entre Mahmoud Gassama et Bruce Grannec, recueillis par VL et JR.
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