Avec un bilan de 18 défaites, 1 match nul et seulement 1 victoire, l’association sportive de Fontenay-le-Vicomte traverse une saison 2023-2024 désastreuse, ayant encaissé plus de 90 buts. Face à cette situation alarmante, Pascal Dupraz, sans équipe depuis son départ de Dijon en juin 2023, a été sollicité à cinq matchs de la fin du championnat pour tenter de redresser la situation. Dans la série Les Héros du gazon, produite par Puzzle Media (un label d’Endemol France), le coach haut-savoyard retrouve l’univers du football amateur, avec ses joies et ses défis.
Entre vie quotidienne, convivialité et revers sportifs
Les premiers instants de cette télé-réalité, composée de 8 épisodes de 13 minutes, établissent immédiatement le cadre : dans cette petite ville de 1 600 habitants, les joueurs du club de Fontenay-le-Vicomte, qui existe depuis 40 ans, enchaînent les passes imprécises et les tirs ratés, avant de terminer leur entraînement autour de quelques bières à la buvette, construite en seulement cinq week-ends et ornée d’un calendrier féminin ainsi que d’affiches d’une célèbre marque de pastis. En proie aux bas-fonds du classement de leur championnat dominical (CDM), l’ASFV a attiré l’attention du réalisateur Jocelyn Hapdey : « C’est l’équipe qui a fait le programme, je l’ai choisie parce qu’elle m’a accueilli chaleureusement. J’ai tout de suite ressenti une ambiance familiale, et j’ai eu carte blanche. »
La plupart des joueurs jonglent avec des vies bien remplies, entre enfants, responsabilités et personnalités affirmées. « Ce qui rend cette série captivante, c’est l’humanité et l’authenticité du football amateur. Mes amis et coéquipiers, que je connais depuis plus de 20 ans, restent fidèles à eux-mêmes », témoigne Thibaut Le Brech, milieu défensif de 33 ans et directeur commercial. Parmi cette équipe de passionnés, les trois frères Massacret se distinguent, notamment le benjamin Axel, surnommé Pépito « parce que c’est une pépite ». Avec son mulet, son petit ventre à bière et son maillot de l’équipe de France floqué Benzema, il est l’un des personnages centraux de la série. Leur histoire familiale a particulièrement touché le réalisateur : leur père Laurent, une figure locale, est décédé subitement à 51 ans, entraînant le changement de nom du stade en son honneur. Bien que le format léger puisse parfois frôler les clichés du football amateur, le réalisateur insiste sur l’authenticité de son projet : « Personne n’a joué un rôle, je ne voulais pas créer quelque chose de caricatural. »
Un retour aux racines pour Pascal Dupraz
Lorsque l’ancien entraîneur, qui a dirigé des clubs comme Évian, Toulouse, Caen et Saint-Étienne, a été contacté, il n’a pas hésité : « Le projet m’a semblé amusant, et il y a des similitudes avec mon parcours. C’était une belle occasion de replonger dans un environnement que je n’avais pas connu depuis 30 ans, avec les retards, les contraintes liées à leur travail, leurs trajets et leurs familles. C’est tout ce que j’ai vécu. » Réputé pour son discours marquant lors du maintien du TFC en 2016, Dupraz se sent à l’aise dans ce contexte. Il a pris les rênes de l’équipe à un « niveau très bas », mais sa méthode a rapidement trouvé écho dans le vestiaire : « Son premier discours était incroyable, il nous a marqué avec cette phrase : “Pour être un bon footballeur, il faut d’abord être une bonne personne. Soyez de belles personnes dans votre vie personnelle et professionnelle, et vous brillerez sur le terrain. Soyez de belles personnes pour exceller dans le football.” », raconte avec émotion Thibaut, qui a mis sa carrière en pause pendant deux mois pour se consacrer à cette expérience. Au-delà de ses discours inspirants, « PD » est également venu se ressourcer : « Cette expérience m’a permis de ralentir le temps et de me reconnecter. J’étais avec eux pendant un mois, juste après une opération de la hanche, et cela m’a fait du bien. C’est une véritable tranche de vie. J’ai besoin des autres, la solitude me pèse. »
Pour son premier rôle dans une production cinématographique, celui qui a « toujours envie de coacher » a réalisé une belle performance cette année : « Ma mère me disait souvent : “Si tu donnes du bon, tu recevras du bon. Si tu envoies du mauvais, tu recevras du mauvais.” Même si j’ai parfois envoyé du mauvais, j’essaie toujours de donner le meilleur de moi-même. » Les joueurs de l’ASFV sont enchantés : « Cette expérience nous a beaucoup apporté. Sans cela, nous aurions probablement perdu encore plus de joueurs. Maintenant, nous sommes plus soudés et espérons attirer des supporters pour nos prochains matchs. » L’émission sera diffusée sur France 3 Île-de-France le dimanche 15 septembre à 12h50, et tous les épisodes seront disponibles sur la plateforme france.tv dès le samedi à 18h. Enthousiaste après l’avant-première qui a eu lieu dans les locaux de France Télévisions, le réalisateur Jocelyn Hapdey envisage l’avenir : « Ce format pourrait être reproduit chaque année avec une nouvelle équipe, cela fonctionnerait. Il y a des gens formidables comme eux partout en France. Pourquoi ne pas envisager une saison 2 ailleurs ? » La réussite de ce projet dépendra des téléspectateurs et des supporters.
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