Cette saison, il n’y a pas eu de transition au sein de l’équipe de France, et la rentrée des Bleus dirigés par Didier Deschamps est déjà là. Ce dernier a eu l’occasion de rencontrer Michel Barnier, le huitième Premier ministre depuis le début de son mandat. Moins de deux mois après leur élimination en demi-finale de l’Euro à Munich, l’enthousiasme pour retrouver l’équipe est mitigé, la trêve internationale de septembre étant souvent perçue comme une interruption frustrante des championnats plutôt qu’une véritable opportunité. Il faut donc se préparer à la reprise de la Ligue des nations pour sa quatrième édition, une compétition qui s’est intégrée dans le paysage footballistique sans qu’on sache vraiment quoi en penser. Kylian Mbappé a d’ailleurs exprimé son ressenti en déclarant qu’il n’avait pas eu l’impression d’avoir remporté un trophée après la victoire contre l’Espagne en 2021, et qu’il avait trouvé la défaite de l’année suivante « honteuse ».
Le format de la compétition a encore été légèrement modifié, avec des groupes de quatre équipes et des quarts de finale prévus en mars, dans l’espoir de se qualifier pour le Final Four de juin. Les Bleus disputeront six matchs entre septembre et novembre contre l’Italie, la Belgique et Israël, ce qui devrait permettre à Didier Deschamps d’évaluer son effectif. C’est en tout cas le message qu’il a voulu faire passer : « Nous avions un groupe très jeune lors de l’Euro, et pour progresser, il est essentiel de voir les joueurs en action. Ces matchs seront bénéfiques. Cela pourrait nuire à l’expression collective, mais c’est le moment de le faire. Nous ne sommes pas dans un contexte de compétition, je souhaite impliquer le maximum de joueurs. » Il ne faut donc pas s’attendre à retrouver les mêmes joueurs lors du match contre la Belgique à Lyon que ceux qui débuteront contre l’Italie ce vendredi, alors qu’une question persiste : cette équipe peut-elle raviver l’enthousiasme et retrouver son jeu ?
Le calme de Mbappé, l’ardeur pour les Bleus ?
Les rencontres entre deux grandes compétitions ne révèlent jamais vraiment la véritable nature de l’équipe de France, et une éventuelle défaite à domicile contre l’Italie — un événement qui ne s’est pas produit depuis 1954 — lors de leur 40e affrontement pourrait rapidement devenir anecdotique. Après un Euro décevant, sans éclat et avec seulement quatre buts marqués en six matchs, il serait agréable de retrouver le plaisir de voir les Bleus au Parc des Princes, là où l’équipe de Thierry Henry avait échoué lors d’une finale olympique mémorable (3-5, ap) le mois dernier. L’équipe de Deschamps doit-elle maintenant s’inspirer de l’engouement olympique et se donner pour mission de ravir son public ? « Peut-être, peut-être… Oui, peut-être qu’il faut réenchanter le public, je dirais juste peut-être. » a répondu un Mbappé visiblement moins loquace, laissant entendre que beaucoup de choses lui importaient désormais peu, comme s’il ne s’agissait plus de faire illusion ou de perdre du temps en dehors du terrain.
Ce que les autres pensent, cela ne l’affecte guère. Son retour au Parc des Princes ? « Je n’attends rien, cela m’est égal, l’essentiel est de gagner et de repartir sur une note positive. » Son Euro raté ? « C’est derrière moi, je n’ai pas cherché à l’analyser. Quand c’est bien, on passe vite à autre chose, et quand ce n’est pas bien, c’est pareil. » Le style de jeu des Bleus ? « Je suis arrivé à un stade de ma vie et de ma carrière où je ne constate plus, je viens, je joue. Ce que pensent les gens, c’est le cadet de mes soucis. Dans le football, on ne peut pas contenter tout le monde. » Il faut le reconnaître, on n’avait que rarement vu le capitaine des Bleus aussi peu enclin à séduire, et le contraste avec son ancien coéquipier et homologue italien Gianluigi Donnarumma, qui a pris sa place dans l’auditorium deux heures plus tard, était frappant (sourires, détente, plaisanteries avec les journalistes).
Il a donc fallu se tourner vers Deschamps, qui dirigera ce vendredi son 160e match dans ce rôle qu’il chérit tant. Surprise, il s’est montré un peu moins distant qu’il ne l’avait été cet été, lorsqu’il avait simplement déclaré que ceux qui n’étaient pas contents pouvaient changer de chaîne. « La parenthèse des JO a été magnifique, cela a fait du bien à tout le monde, le sport unit. L’engouement autour de l’équipe de France grandit depuis plusieurs années, les gens l’aiment et font tout pour la soutenir, » a-t-il déclaré. « C’est à nous de maintenir ce lien, de le cultiver, les joueurs ont besoin de cet amour et de ce soutien. » Le Parc des Princes sera plein à l’aube du week-end, tandis que le Groupama Stadium pourrait ne pas afficher complet dans trois jours pour la rencontre contre la Belgique. Il reste néanmoins un intérêt à suivre ces Bleus, avec la possibilité que le vice-champion olympique Michael Olise fasse ses débuts comme titulaire contre l’Italie. Parallèlement, la vasque olympique et sa flamme s’élèveront dans le ciel de Paris, à quelques kilomètres de là. À l’équipe de France de jouer son rôle.
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