Comment un entraîneur ayant mis fin à une série de 12 ans de succès au Bayern Munich peut-il espérer lever une malédiction de 58 ans pour l’Angleterre ? C’est sans doute la question qui préoccupe de nombreux supporters anglais depuis l’annonce officielle de la fédération : Thomas Tuchel prend les rênes des Three Lions. Après des passages à Augsbourg, Mayence, Dortmund, Paris, Chelsea et enfin le Bayern, où son départ a été acté dès février, le technicien allemand s’apprête à découvrir, à 51 ans, les défis d’un banc international, un environnement bien différent de celui des clubs. Avec la Coupe du Monde 2026 en ligne de mire, il aura la lourde tâche de faire briller une équipe qui a été finaliste des deux derniers Championnats d’Europe, mais qui n’a pas ajouté de trophée à son palmarès depuis 1966.
Se tourner vers Chelsea, oublier Munich
Après une saison décevante avec le Bayern Munich, malgré une demi-finale en Ligue des champions, le natif de Krumbach arrive à Wembley sans une grande confiance. Considéré comme le principal responsable de la première saison sans trophée des Bavarois depuis 2011-2012, il a vu sa réputation en prendre un coup, bien qu’il conserve un palmarès impressionnant. En Angleterre, Thomas Tuchel est également reconnu pour avoir conduit Chelsea à la victoire en Ligue des champions en 2021. Arrivé en cours de saison pour remplacer Frank Lampard, il a mené les Blues à leur deuxième titre en C1, réalisant un exploit notable face au PSG, et a réussi à les hisser au quatrième rang en championnat après les avoir récupérés à la neuvième place. Cette expérience sera cruciale pour lui, car elle représente sa dernière grande réussite. Sa nomination, actée le 8 octobre, s’inscrit dans une volonté de « constituer un staff capable de maximiser les chances de succès lors d’un grand tournoi », selon Mark Bullingham, le CEO de la fédération anglaise.
Thomas Tuchel. Notre #ThreeLions entraîneur à partir de 2025. 🏴
— England (@England) 16 octobre 2024
Avec l’Angleterre, il retrouvera son ancien adjoint au Bayern et à Chelsea, Anthony Barry, mais peu de joueurs qu’il a côtoyés à Stamford Bridge, à l’exception peut-être de Reece James et Ben Chilwell, qui sont actuellement absents de la sélection. Il retrouvera cependant Harry Kane, le capitaine des Three Lions, qui a été l’un des rares à briller sous sa direction l’année dernière. Avec 44 buts et 12 passes décisives en 45 matchs, Kane a été presque inarrêtable. Interrogé à ce sujet, le buteur a exprimé son admiration pour son ancien et futur entraîneur : « Un entraîneur fantastique, une personne fantastique. » Cela pourrait jouer en faveur de Tuchel, alors qu’il se prépare à faire face aux critiques qui n’ont jamais épargné Gareth Southgate.
Une pression omniprésente
Son arrivée marque également la fin de l’intérim de Lee Carsley, qui était en poste depuis début août. Bien qu’il ait remis en question sa position, le coach irlandais avait réalisé un mandat intéressant, et la défaite inattendue contre la Grèce n’avait pas encore terni son bilan. Avec trois victoires en quatre matchs, il avait su gagner la confiance de ses joueurs, comme en témoignent les propos de Jack Grealish : « J’adore jouer pour lui, c’est un entraîneur brillant et j’ai eu la chance de marquer grâce à la liberté qu’il m’accorde sur le terrain. » Ces éloges sont également partagés par Declan Rice, qui a souligné la clarté des intentions de Carsley dès son arrivée : « Il a été transparent avec nous, il venait pour trois rassemblements. Et vu la façon dont il s’est comporté et notre jeu, je pense qu’il a été incroyable. »
🚨🚨| Le Daily Mail a critiqué la nomination de Thomas Tuchel, la qualifiant de « jour sombre pour l’Angleterre. » 😳🏴
« Nous sommes la risée du football mondial. » pic.twitter.com/CP6tnzfhf4
— CentreGoals. (@centregoals) 16 octobre 2024
Tuchel devra donc faire oublier son prédécesseur, mais aussi faire face à des réticences concernant l’arrivée d’un nouvel entraîneur étranger. Après Sven-Göran Eriksson, Fabio Capello et Lee Carsley, l’Angleterre continue d’ouvrir ses portes à des entraîneurs internationaux, ce qui suscite des critiques. Le Daily Mail a ainsi qualifié la nomination de l’Allemand de « jour sombre pour l’Angleterre », tandis que Sam Allardyce et Harry Redknapp ont exprimé leurs réserves dans ces mêmes colonnes. Redknapp a même déclaré que ses préoccupations allaient au-delà du sportif : « Je voulais un entraîneur anglais pour l’Angleterre. Je suis très patriote et nous aurions dû avoir un entraîneur anglais. » Malgré les doutes exprimés par les tabloïds et les analystes, Tuchel peut se consoler avec le soutien de la famille royale, qui a salué son arrivée.
Thomas Tuchel est le nouveau sélectionneur de l’Angleterre