Le 9 juillet dernier, Roberto De Zerbi a fait ses débuts devant la presse lors de sa conférence de presse d’intronisation, accompagné de Pablo Longoria. « Je souhaite m’établir ici sur le long terme et redonner à l’OM sa place. Nous aspirons à lutter pour les titres et à retrouver les sommets », a déclaré le coach italien devant une trentaine de journalistes. Ce dernier n’est pas arrivé seul à Marseille. En plus de son équipe habituelle, un certain Giovanni Rossi a également fait le voyage, dans une relative discrétion. Ce choix de rester en retrait a sans doute contribué à son succès jusqu’à présent.
« Bien qu’il ait été l’un des plus anciens de l’équipe, Giovanni était très réservé, ne cherchant pas à attirer l’attention. Mais surtout, il avait toujours cette volonté d’aider les autres », se souvient Ivan Graziani (à ne pas confondre avec le chanteur du célèbre titre Lugano Addio). À peine majeur, Graziani n’est pas retenu par Bologne, son club formateur, et se dirige vers Aglianese, alors en Serie D, où il croise le chemin de Massimiliano Allegri et de Giovanni Rossi, qui est alors en fin de carrière. « C’était déjà un grand connaisseur du football, bien au-dessus de la moyenne. Il avait souvent les mots justes et les solutions quand nous traversions des périodes difficiles », précise Graziani, devenu entraîneur à Forlimpopoli, en sixième division italienne. C’est donc à Aglianese, en Toscane, que Giovanni Rossi choisit de mettre un terme à sa carrière, après avoir évolué en Serie D, Serie C et un peu en Serie B (une trentaine de matchs avec Côme en 1995). Sa reconversion est rapide. Graziani ajoute : « Ce serait mentir de dire que je l’aurais imaginé atteindre ce niveau, mais je n’étais pas surpris d’apprendre qu’il travaillait dans le recrutement à Sassuolo, c’était tout à fait dans ses cordes. »
La pépinière de Sassuolo
À peine sa carrière de joueur terminée, l’ancien attaquant découvre une nouvelle passion : la direction sportive. Après deux courtes expériences à Aglianese et à Prato, Rossi rejoint le modeste club de Sassuolo, qui évolue alors entre les divisions amateurs et semi-professionnelles. C’est ici, en Émilie-Romagne, qu’il va bâtir sa légende. Son premier grand succès : faire revenir Massimiliano Allegri à Sassuolo. Ancien coéquipier à Aglianese, Allegri a entamé une carrière d’entraîneur. En une saison à la tête des Neroverdi (2007-2008), il réussit à propulser le club en Serie B, une première dans l’histoire de l’équipe. Ce n’est pas un hasard si, l’été dernier, alors que la Juventus traverse une période de restructuration, Allegri recommande le nom de Giovanni Rossi, « celui à qui il doit presque tout », pour la direction sportive. les dirigeants turinois se tourneront vers Cristiano Giuntoli.
« J’ai vécu un rêve pendant quatorze ans ici. Je suis heureux et fier du travail accompli, même si j’aurais souhaité une conclusion différente. » C’est avec ces mots que Giovanni Rossi a fait ses adieux à Sassuolo lors de sa conférence de départ en mai dernier, après une saison difficile qui s’est soldée par une relégation en Serie B, mettant fin à onze saisons consécutives dans l’élite italienne. À l’exception de deux parenthèses à la Juventus (2010-2013) et à Cagliari (2017-2018), Giovanni Rossi a construit sa légende en vert et noir, étant considéré par beaucoup comme le père fondateur du projet Sassuolo. « Il est indéniable que le succès de Sassuolo est en grande partie dû au travail de Giovanni », déclare Salvatore Monaco, qui a collaboré pendant trois ans avec Rossi, notamment en tant que collaborateur technique de Roberto De Zerbi, un rôle que Rossi va occuper à Marseille. L’actuel responsable du scouting du Shakhtar souligne : « Il a un souci du détail impressionnant. Il observe, analyse et ne prend une décision qu’après avoir rassemblé toutes les informations nécessaires. Et souvent, il ne se trompe pas. »
Travailleur acharné et véritable passionné, Giovanni Rossi a un œil avisé et se trompe rarement, comme en témoignent les nombreux joueurs qu’il a recrutés pour Sassuolo : Berardi, Boga, Pellegrini, Demiral, Politano, Locatelli, Acerbi, Hamed Junior Traoré, Raspadori, Frattesi et Scamacca. Ces joueurs ont explosé à Sassuolo, permettant au club de se stabiliser économiquement, avec un bénéfice de 165 millions d’euros (différence entre le prix d’achat et le prix de vente). Recruter des jeunes talents est une chose, mais les développer en est une autre. Pour cela, Giovanni Rossi choisit des entraîneurs bâtisseurs, ayant un projet de jeu en adéquation avec celui du club et capables de faire progresser les jeunes joueurs. D’Eusebio Di Francesco à Roberto De Zerbi, en passant par Alessio Dionisi : une cohérence exemplaire.
Calme, rigueur et discrétion
Au-delà de sa connaissance approfondie du football, c’est surtout le tempérament de Rossi qui a contribué à son succès. « Ce qui m’a frappé dès notre première rencontre, c’est son calme. Il reste serein et détendu, peu importe la situation. Dans le football, comme dans la vie, il y a des moments difficiles qui peuvent nous pousser à agir sans réfléchir. Giovanni, lui, est très réfléchi et ne cède jamais à la pression », souligne Salvatore Monaco. Ainsi, lorsque Rossi s’énerve et élève la voix, « c’est assez comique et peu crédible, car on sait qu’il n’est pas du tout comme ça », ironise Monaco.
Ce calme et cette sagesse se traduisent également par sa grande discrétion. À une époque où les directeurs sportifs sont souvent très en vue, Giovanni Rossi préfère rester en retrait et n’est pas du genre à se vanter devant les caméras. Comme il le dit lui-même : « Ceux qui me connaissent savent que je déteste ceux qui disent « j’ai fait ceci, j’ai fait cela. » Je n’aime pas me présenter comme un héros, je laisse aux autres le soin de juger mes actions. » À Marseille, Giovanni Rossi sera donc le bras droit de Roberto De Zerbi, l’assistant sur le mercato, les entraînements et les décisions quotidiennes. « Avoir Rossi à ses côtés est un atout considérable, tant sur le plan tactique que mental. Son calme et sa sérénité, dans un contexte comme celui à Marseille, sont d’une importance capitale. Roberto l’a bien compris, d’autant plus qu’ils se connaissent très bien », conclut Monaco. Du calme et de la sérénité : est-ce la clé du succès à Marseille ?
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Propos de Graziani et de Monaco recueillis par TP.