lundi,novembre 10,2025

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Pourquoi l’Espagne n’a-t-elle pas encore décroché le titre de l’Euro féminin ?

→ Une histoire de retour sur la scène européenne

Avant d’évoquer une éventuelle malédiction, il est essentiel de vérifier son existence. Il n’y a pas si longtemps, l’Espagne ne figurait même pas parmi les favorites. Après une apparition inattendue en 1997, où elle atteint les demi-finales face à l’Italie, le pays connaît une longue période d’absence : aucun Euro entre 2001 et 2009. Pendant douze ans, les Espagnoles ont observé les autres célébrer, tandis que la fédération espagnole considérait le football féminin comme une simple activité récréative. Ce n’est qu’à partir de l’édition de 2013 que la Roja fait son retour sur la scène continentale, grâce à une nouvelle génération menée par Vero Boquete et Irene Paredes. Une victoire palpitante contre l’Angleterre (3-2) et un premier quart de finale en 16 ans, malgré une défaite face à la Norvège (3-1), ouvrent la voie pour les futures générations.

→ L’objectif : atteindre les demi-finales

Les joueuses espagnoles possèdent des Ballons d’or et sont formées au FC Barcelone, où elles développent une technique raffinée, habituées à des passes précises et à des combinaisons astucieuses. Ce style de jeu, où le ballon circule plus vite que les joueuses, a été instauré par Jorge Vilda en 2015 et est poursuivi par Montsé Tomé depuis 2023. Cependant, l’Espagne n’a toujours pas remporté de titre européen. En 2017, l’équipe, déjà prometteuse avec des talents comme Irene Paredes, Jennifer Hermoso et Alexia Putellas, est éliminée en quart de finale par l’Autriche aux tirs au but, une déception qui se répète. En 2022, alors qu’elles sont favorites avec l’Allemagne, les Espagnoles s’inclinent encore en quart de finale face à l’Angleterre, malgré une domination technique. Chaque fois, les ingrédients sont présents, mais le résultat n’est pas au rendez-vous. Cette année, avec le titre de championnes du monde en poche, les Espagnoles ont l’opportunité de réaliser un doublé, voire un triplé avec la Ligue des nations, et d’établir une véritable domination.

→ Les défis internes de la Fédération espagnole

Avant de penser à conquérir un Euro, il est crucial de naviguer à travers les complexités de la Fédération espagnole. Ce n’est pas un phénomène nouveau. Ignacio Quereda, l’entraîneur emblématique, a dirigé l’équipe pendant 27 ans, malgré des résultats décevants et des accusations de gestion toxique, qui ont été documentées en 2021. Remplacé en 2015 par Jorge Vilda, qui devait incarner le renouveau, il est devenu à son tour le symbole d’un système rigide. En 2022, quinze internationales, dont des stars comme Bonmatí et Guijarro, ont décidé de quitter l’équipe pour dénoncer ses méthodes et l’incompétence du staff. Dans une lettre adressée à la fédération, elles ont souligné que ses pratiques de management affectaient leur « état émotionnel » et leur « santé ». La fédération a soutenu Vilda, affirmant qu’elle « ne permettra pas aux joueuses de remettre en question la continuité de l’entraîneur national et de son staff technique ». Puis est survenue l’affaire Rubiales lors de la Coupe du monde 2023, où son comportement inapproprié a mis en lumière les luttes internes. L’Espagne doit souvent se battre contre ses dirigeants en coulisses, ce qui constitue un obstacle supplémentaire.

→ La domination masculine dans le football espagnol

Au cours des quinze dernières années, l’Espagne s’est imposée comme une puissance dans le football, tant masculin que féminin. En 16 ans, la Roja a remporté trois Euros (2008, 2012, 2024), une Coupe du monde (2010) et, dans une moindre mesure, une Ligue des nations. Comment les joueuses pourraient-elles surpasser ces succès ? Ces victoires répétées pourraient-elles créer une pression supplémentaire sur leurs épaules ? En réalité, elles poursuivent leur chemin sans se laisser distraire, mais imaginez si cette domination se prolongeait : des célébrations à n’en plus finir, des « olé ! » retentissants, des musiques de Paco Ibáñez, et de la sangria à profusion… Peut-être qu’il serait temps de laisser un peu de place aux autres, comme les Bleues !

→ Une génération prête pour l’Euro 2025

Cette fois-ci, il ne s’agit pas seulement de talents individuels ou de fierté nationale. Après leur victoire en Coupe du monde (1-0 contre l’Angleterre) dans un climat tendu, les Espagnoles ont appris à gérer la pression et à surmonter les obstacles. Leur capitaine, Olga Carmona, unique buteuse lors de la finale du Mondial 2023, a déclaré à l’AFP : « Championnes du monde, c’est une fierté mais aussi une responsabilité. Tout le monde nous voit comme les favorites de l’Euro, mais nous restons concentrées. »

De plus, l’Espagne pourra compter sur sa double Ballon d’or, Aitana Bonmatí, récemment rétablie d’une méningite, ce qui devrait renforcer la confiance de ses coéquipières. Un autre facteur rassurant pour l’équipe de Montsé Tomé est qu’une simulation réalisée par des chercheurs des universités de Dortmund et d’Innsbruck, qui avait déjà prédit la victoire de l’Angleterre à l’Euro 2022, place la Roja avec 27 % de chances de remporter son premier Euro, selon un modèle basé sur 100 000 scénarios. Il ne reste plus qu’à attendre le 27 juillet.

Quand l’heure sonne, c’est l’Euro !

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